Gouffres, 2011 - présentation


La série Câbles explorait les rivages des mers du monde entier à la recherche des indices de la présence des câbles sous-marins. En documentant les points d’arrivée, ces images suggéraient un espace secret : le long cheminement du câble sur des milliers de kilomètres, posé au hasard des fonds marins. La série Gouffres est une réponse, un support à cet imaginaire.

Un câble lumineux traverse les espaces d’une architecture naturelle et souterraine, les révèlent et les relient. Il n’y a pas de point d’origine à la lumière, elle est linéaire, émise par le câble qui semble n’avoir ni début ni fin. En l’absence de référents habituels, l’œil a du mal à saisir sans effort l’échelle de ce qu’il perçoit. Nous sommes plongés dans un monde sans mesure, temporelle ou spatiale. Aucun homme n’a jamais décidé de sa forme. C’est un lieu primitif, qui échappe au dessin d’architecture mais croise paradoxalement des préoccupations contemporaines de l’architecture biomorphique.

Une étrange sensation se dégage. Le sous-sol peut être le lieu du refuge, du repli, de la simple protection des intempéries à l’abri anti-atomique. Il peut être source de richesses, par les minéraux précieux qu’il renferme. Mais il est aussi, et peut-être surtout, associés aux peurs et curiosité archaïques. Il est le lieu où l’on risque d’être englouti, physiquement et dans nos propres fantasmes. Soustrait au regard, il fascine. Mais dans ce monde minéral, où toute forme de vie animale et végétale paraît exclue, la lumière dégagée par le câble crée le mouvement et anime le lieu en même temps qu’elle semble porter l’écho d’une absence.

Avec l’aimable autorisation et participation de François de la Varende (propriétaire des grottes d'Arcy-sur-Cure).

Gouffres, Galerie Lot 10, Bruxelles, Belgique, 2011

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